Voyage en Italie - Venise
« Il n’y a pas d’autos. Il faut se le dire sans cesse, notamment quand on voit des gens calmes. Le propriétaire de la plus belle voiture du dernier modèle est méconnaissable après huit jours de ruelles et de canaux, surtout s’il n’est plus retourné à Autorimessa. Des gens torturés de tics deviennent beaux. Quinze jours de promenades coupées de repos en gondoles donnent à la démarche une nonchalance royale. Il faut tout faire lentement et l’on n’entend plus que des bruits soyeux. Dans la conversation, il n’y a plus de réparties vives. Cela permet de voir clair et de n’être dupe qu’une fois sur deux de son esprit. On ne plafonne jamais ; ainsi les paresseux ne sont pas sans ressources et défendent leur bonheur avec une énergie qui surprend. »
Extrait de "Voyage en Italie - Venise" - Jean Giono
Ed.Folio p 116/117